Petit coup de chaud pour l’ami Cédric O ! Confronté aux questions d’Élizabeth Martichoux sur les conditions de travail des modérateurs de Facebook, notre Monsieur Internet national, visiblement peu ému par le sujet, a relativisé tout ça en une petite phrase expéditive, rappelant que leur situation en Europe n’était « pas si problématique » et qu'ils bénéficiaient de salaires « confortables » (les veinards !).
Manifestement victime d’hyperventilation, le Secrétaire d'État chargé du Numérique a enchaîné, cette fois-ci chez Reuters, avec une proposition pour le moins spectaculaire : créer un conseil de l’ordre des journalistes pour lutter contre les fake news... Interrogé en 2017 sur cette même proposition - soutenue à l'époque par le FN - Emmanuel Macron avait déclaré : « Je n’avais pas croisé cette idée depuis l’Italie des années 30 ».
Allez mister O, en cas de canicule on adopte les bons réflexes : une grosse limonade et ça repart !
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Pendant ce temps, l'ami Jack Dorsey - décidément chaque jour un peu plus maboul - se ressource dans une tente anti-ondes électromagnétiques (compter 5000€, tout de même), tandis que son copain et auto-proclamé « space genius » Elon Musk confond Mars avec… la Lune.
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LA BONNE RÉSOLUTION DE LA SEMAINE
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C'est bien simple : afin de rendre nos données illisibles, nous ne disposons pas, pauvres manants que nous sommes, d'une pléthore d'options ! Nous pouvons :
- les détruire (tout simplement)
- les chiffrer
- (ou encore, et c'est l'option qui nous intéresse) les « empoisonner », c’est-à-dire les noyer dans un océan d'informations factices
Cette technique dite de « l'obfuscation » est défendue entre autres par Helen Nissenbaum et Finn Brunton dans leur livre aux relents anar’ Obfuscation : la vie privée, mode d’emploi. En informatique, cela consiste à inonder un programme avec du code qui n'a rien à voir. Dans la vie de tous les jours, il s'agit tout simplement de « noyer le poisson » : c’est par exemple, pour un avocat, le fait de communiquer le maximum de pièces à son adversaire la veille d’une audience. Pour nous autres, il s'agit d'utiliser une multitude de méthodes pour inonder nos profils d’informations contradictoires. Bref, une véritable campagne de « désinformation personnelle » pour tromper les algorithmes des GAFA et duper les radars - à défaut d'en disparaître.
Pour ce faire, il existe une multitude d'outils et de tactiques plus ingénieuses les unes que les autres, dont par exemple l'outil Ad Nauseam, qui clique sur toutes les pubs au pif et permet d'envoyer simultanément des dizaines de requêtes parallèles sur des sujets qui n'ont rien à voir. Ou encore, le dernier projet de navigation «incognito » en date : Track THIS, qui ouvre 100 onglets à la fois (pas franchement pratique) afin de tromper ces méchantes entreprises de retargeting qui veulent monétiser nos habitudes de consommation.
Vous l'aurez compris, l'obfuscation, c'est bien beau, et on aimerait beaucoup y croire, mais ça reste (pour l'instant) du bricolage… À part si tout le monde s'y met ?
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L'ÉVÈNEMENT AUQUEL ON N'EST PAS ALLÉ
(ET C'EST TANT MIEUX…)
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Grande messe annuelle des pubards, les Cannes Lions (le « festival international de la créativité », carrément) sont surtout l’occasion de se faire rincer pendant une semaine, avec des dizaines de millions claqués pour vous en mettre plein la vue, et tout un tas de bullshit marketing proposé à toutes les sauces et pour tous les goûts (attention cependant à bien inclure les mots-clés « data », « engagement » et « inclusion »).
Véritables stars de la croisette, Google et Facebook étaient présents pour cette édition 2019 (bah ouais, avec 170 milliards de dollars de bénéfices cumulés sur l’année en cours grâce à la pub, ils pouvaient difficilement louper ça). Alors que Facebook a fait intervenir Sheryl Sandberg en personne pour une jolie opération de comm’ expliquant l’importance cruciale de la « diversité » et de la « privacy » pour le réseau social (évidemment), Google s’est fait plaisir avec sa Google Beach, où l’on pouvait déguster des burgers roses tout en découvrant comment le moteur de recherche procède pour « capter l’attention de quelqu’un et la garder ».
Les chanceux qui étaient présents se sont également régalés avec quelques conférences absurdes (comme par exemple « morality of data », qui devait être animée par le patron de Cambridge Analytica – non, ce n’est pas une blague !).
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LA BULLSHIT-QUOTE DU JOUR
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« L’entrepreneuriat, c’est un marathon, pas un sprint. »
Dans un récent post LinkedIn sur l'entrepreneuriat et les vacances, le célèbre Ryad Boulanouar nous explique pourquoi un entrepreneur a, lui aussi, le droit de s’accorder quelques jours de repos (mais pas plus, hein). Tout simplement parce que les vacances sont « des phases de libération créative, qui facilitent l’innovation et qui redonnent de l’inspiration. » Et de conclure : « n’oubliez pas qu’avant d’être des entrepreneurs, vous êtes des créateurs ! » Merci Ryad. Et du coup, pour la canicule, on fait comment ?
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L'INNOVATION INUTILE DE LA SEMAINE
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CUT… THE CRAP
En bons startuppeurs, Arthur et Sofien ont réussi à identifier le besoin vital de toute une génération : une application qui permet de se faire couper les cheveux n’importe quand et n’importe où (7 jours sur 7, 24h sur 24). Un problème qui, s'il est résolu, pourrait bien changer la vie de millions de personnes en manque d’une coiffure décente (ils sont nombreux, même dans le monde de la Tech).
Bref, qui a dit que les start-up n’essayaient pas de rendre le monde meilleur ?
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ET AU MOINS UN TRUC INTÉRESSANT ?
(C'EST POUR ÇA QU'ON LE MET EN GROS)
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« Nous avons une foi totale en l'objectivité des systèmes automatisés, et cette croyance peut nous aveugler sur le caractère discriminatoire qu'ils conservent. »
Dans une interview donnée au podcast Tech Empire de l’Université de Yale, la professeure de droit du travail Ifeoma Ajunwa discute des nombreux biais liés aux processus de recrutement automatisés (cf. le cas Amazon) - où le fameux « cultural fit » est souvent synonyme d'homophilie - soit pour le dire plus simplement, le fait de recruter des gens « comme nous » (en langage start-up : des jeunes blancs en baskets Veja).
C’est peu dire qu’on ne met pas souvent des liens vers des TED Talks, mais pour Ifeoma on fera une exception !
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Merci d'avoir perdu 5mn.
À mercredi prochain !
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